SUPERSTITIONS
Superstitions...
Étant naïf comme ce n’est pas possible, je ne crois
À rien de ce que les hommes depuis des siècles
Se racontent dans la nuit, à la lumière des étoiles,
Autour du feu en rond assis sur le cercle de pierres.
Si fragiles face aux menaces dont les yeux phosphorent
Alentour, ils s’inventent des prières aux esprits ancestraux
(Comme si les morts pouvaient protéger les vivants
De ce dont ils n’ont pas su se protéger eux-mêmes !)
Ou encore des formules empruntées aux hurlements
Du Vent de Cinq Jours, aux craquements du bois vert
Dans les flammes, aux rumeurs de la rivière qui tombe
D’un rocher à l’autre pour plonger enfin dans le miroir
Qu’elle est. C’est que le “langage de la nature” plaît :
On croit à ses vertus, en forme de plantes aux feuilles
Variées : coeurs pourpres pour soigner le coeur, trèfle
Vert à quatre feuilles pour soigner la chance, glaïeuls
Bleus longs comme épées pour combattre les souillures
Du corps, boules de gui pour liquéfier le sang selon
Les recettes des Druides. Que s’empoisonnent les
Imprudents, les crédules, mangeurs de signes divins !
Étant naïf comme ce n’est pas possible, je ne crois
À rien de ce que les hommes depuis des siècles,
Autour du feu en rond assis sur le cercle de pierres,
Se racontent dans la nuit, à la lumière des étoiles...