DES BÊTISES...

Publié le par xavier

                      Des bêtises

 


Lorsque parfois tu osais t’épancher, mis en confiance

Par l’ambiance d’une soirée où «l’on est entre amis»,

Ils le disaient bien, que cela ne pouvait pas exister,

Des rivières dont la noirceur d’orchidée en sinuant

Sous les éclats bleus du ciel, s’écoule sans les emporter. 

Des fleurs des champs dont le mutisme tinte dans la brise.

Des oiseaux nomades qui racontent en leur langue cristalline

Qu’il se trouve au-delà des mers des continents sans hivers

Peuplés d’enfants aux yeux noirs qui n’ont jamais de leur vie

Ni connu de patinoire ni lancé la moindre boule de neige.

Que cela ne peut exister : la musique des objets 

Quotidiens, le petit cri flûté du verre en cristal

Qu’on pose dans l’évier. Le chantonnement du cuivre

Dans lequel l’eau bout. Le bruissement, dans le tiroir,

Des petites cuillères, comme un souvenir de cloches

Enfermées dans l’épaisseur du temps, qui cherchent

Leurs aises. Le chuchotis des feuillets tachés d’encre

Pleine ou déliée en forme de bavardages plus ou moins

Hâtifs. Evidemment, passons sur les danses en alphabet

Morse du mâle araignée, sur le lamento berceur, au nid,

De l’orang-outang persécuté par les primates à fusils.

Sans compter les jeux rayés des tigres amoureux,

Les noeuds de trompes auxquels jouent les éléphants,

Mille choses qu’en craquant te racontait toutes les nuits

En grimaçant l’armoire d’ébène chinoise, près de ton lit,

Dans la maison du grand-oncle «retraité des pays chauds».

Que ça ne peut pas exister les pierres amoureuses qui

Se collent l’une à l’autre comme des aimants. Ni la lune

Qui glisse un long doigt d’argent par l’interstice du volet.

Bref. Rien de ce que tu as perçu durant toutes ces années

N’a jamais existé. Il serait tout de même temps qu’enfin

Tu comprennes qu’il faut cesser de raconter des bêtises.

Publié dans Poèmes

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