ARTISANAT POÉTIQUE

Publié le par xavier

                          Artisanat poétique


 

 

De ce qui se montrait ruines, refaire un édifice. La maison éventrée et laissée aux orties, avec ses béantes fenêtres et ses restes de frises peintes sur les murs délavés par la pluie, depuis des années par les plafonds crevés et le toit aux tuiles disjointes tombant dans les chambres vides... Lui rendre vie au coeur du village. Avec enfants criards, parents grondants ou rieurs, chien qui gambade derrière la clôture aux barreaux rouillé du jardinet, devant la porte d’entrée.


 

De ce qui est aujourd’hui bribes négligées par les artisans-maçons, lesquels ont tout un programme de cubes de béton à élever dans la plaine, toi, l’amateur, en raboutant les fragments tu as entrepris de reconstituer un corps de bâtiment dans son austérité et sa générosité premières. Comme le poète qui prend les débris hétérogènes de Sappho que le temps n’a pas réussi à faire disparaître, et les raboute, selon la syntaxe antique, pour en faire un nouveau poème cohérent...


 

C’est que sans la Maison, la nôtre, l’ancienne, celle qui résonne encore des accents de nos mères et de nos grands-mères, de nos aïeux râblés revenant des champs la faux sur l’épaule, nous n’existons pas vraiment : autour de nous, ne règnent que menaces, effondrements, cataclysmes, destructions en tous genres, sans compter l’indifférence qui fait de l’homme un loup pour l’homme. Si bien que le désert menace, et n’y changera rien le fait qu’il soit, ou non, bétonné.

 

 

 

 


 

 

Publié dans Poèmes

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